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    La consolation

    Parfois, ma seule consolation était dans nos regards. Chaque clignement, chaque battement de cil nous déshabillaient encore davantage. Ma peau s'évanouissait, chacun de mes pores en appelant un des siens. La sienne était lisse et soyeuse et ses galbes tentants invitaient à la débauche la plus primaire. Mais ces moments où nous parvenions enfin à nous enlacer étaient si furtifs que j'appréhendais déjà le moment où quelques centimètres nous éloigneraient à nouveau, m'obligeant une fois encore à me satisfaire de ses yeux criant famine. De sorte que cette étreinte que j'appréciais tant, j'en arrivais à souhaiter qu'elle vînt le plus tard possible, à ce que se prolongeât le temps de répit où nos bouches ne s'étaient pas encore rencontrées. Parfois, quand l'un de nous ouvrait la porte pour s'en aller, je m'étalais en de futiles discours, désemparée par la concession que je faisais à ma tristesse de nous éloigner. Et sitôt l'absence ressentie je me réfugiais dans le souvenir de son parfum mêlé de sueur et puis d'alcool et des envies que je refoulais de prendre le téléphone pour lui laisser savoir la boule au fond de ma gorge qui était coincée. Cela ne durait guère longtemps, je m'y étais accoutumée et, consciemment, je savais pertinemment que tout recommencerait encore et encore parce qu'avec lui j'étais faible, trop faible. Et que la femme qui est tout au fond de moi finalement, il ne la connaissait pas. Qu'en serait-il quand il la découvrirait? Me jugerait-il? Je savais que non, bien au contraire et que cette question d'être soi je me la posais indirectement à moi-même. Qui étais-je vraiment?

     

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